Dimanche 7 mai 2017. C’est le deuxième tour des élections présidentielles. Il ne reste maintenant plus que quelques minutes avant d’avoir la conclusion de plusieurs mois de rebondissements politiques tous plus rocambolesque les uns que les autres. La campagne électorale officielle n’a bien entendu commencé que depuis quelques semaines mais soyons honnête, officieusement elle avait commencé bien avant le début de l’année 2017.
Pour commencer nous avons eu cet incroyable engouement autour des primaires de la droite. Il y a eu une telle mobilisation que l’on avait presque l’impression qu’il s’agissait de l’élection présidentielle en elle-même ! Tout le monde s’attendait à voir Alain Juppé comme candidat des Républicains. Gros retournement de situation : c’est Fillon qui l’emporte !
Et puis arrive la primaire de la gauche avec une nouvelle fois une surprise à l’arrivée avec Hamon qui ressort gagnant. Mais sur cette primaire on sent comme un essoufflement. Je ne saurais dire si c’est dû au fait que la primaire de la droite avait pris trop d’espace ou s’il s’agissait tout simplement de la traduction de la désillusion brutale qu’a représenté François Hollande durant les cinq dernières années. Toujours est-il qu’Hamon gagnant, il reste au final un peu au second plan. Peu de personnes connaissent son programme. On l’associe à Hollande (sans doute la couleur de cheveux et les lunettes) ou alors aux frondeurs. Il se retrouve dans une position peu confortable : trop PS pour les uns et trop peu pour les membres de son parti qui l’abandonnent l’un après l’autre.
N’oublions pas non plus toutes les affaires qui ont retourné les opinions. Fillon et Le Pen. Pour Le Pen, il ne s’agit pas réellement d’une surprise puisque l’affaire dure depuis plusieurs années. Mais Fillon ? C’est un peu un mur de brique qui s’effondre pour les électeurs de droite. Ou peut-être, plutôt la réalisation que la magie qu’on nous promettait sur scène n’était en fait que de la « poudre de perlimpinpin » comme dirait un des candidats.
« La France est plus grande que mes erreurs ». Certains répètent que son programme reste le plus abouti, le plus réaliste. Ils disent qu’il n’est pas pire qu’un autre. C’est peut-être vrai. Mais je crois qu’ils passent à côté de ce qui rebute réellement le peuple français : comment croire quelqu’un dont la campagne se base sur sa prétendue honnêteté alors qu’au final ils nous a tous menti ? Et pas un mensonge de courtoisie comme « Non, vous n’avez pas grossi », mais un mensonge du genre « Je n’ai jamais menti ou volé. Je ne vous ai jamais volé. Je n’ai jamais volé l’argent que vous donnez à l’état tous les ans pour le faire fonctionner ».
Alors qui reste-il ? Marine Le Pen dont les affaires ne semblent pas ébranler les électeurs. Assez curieux d’ailleurs la manière dont une personne qui se prétend anti-système et anti-europe ne trouve pas de problème à piquer dans les caisses de l’état … Benoît Hamon qui s’est fait lâcher par son parti et une partie de ses électeurs. Jean-Luc Mélenchon qui crée la surprise à gauche mais est taxé de communisme. Emmanuel Macron qui peine à présenter son programme et que l’on a du mal à placer finalement. Nicolas Dupont-Aignan qui fait une petite montée dans les sondages mais que l’on rapproche finalement de Marine Le Pen dans les idées. Jean Lassalle qui semble fort sympathique mais dont malheureusement on ne comprend pas les allocutions. Philippe Poutou qui sort quelques punchlines magnifiques (« Nous on n’a pas d’immunité ouvrière ! ») mais dont le programme reste somme toute assez utopique par les temps qui courent. Nathalie Arthaud dont le programme est assez identique à celui de Poutou. Asselineau et Cheminade qui sont au final les oubliés de ces élections présidentielles.
On a plusieurs débats. Un premier avec les cinq candidats principaux qui au final ne nous aura pas avancé à grand chose. Puis celui avec les 11 candidats qui ressemble à une grande cacophonie. À part quelques punchlines, on n’en retient au final pas tant de choses que ça.
Et là vient le premier tour des présidentielles. Pas tellement de surprises dans les résultats : Macron et Le Pen arrivent en tête. C’est tellement peu surprenant que ça en est risible.
S’organise alors la résistance. C’est un mur qui se dresse dans le monde des politiques pour « faire barrage au FN » … Bien sûr, on critique ceux qui n’appellent pas à votre M.Macron. Macron en fait l’expérience quand on le soupçonne dans tous les journaux d’encourager ses électeurs à voter Mme Le Pen. Comme si les citoyens n’étaient pas capables de décider par eux-mêmes qui voter … C’en vient à se demander à quel point est-ce qu’on nous prend pour des cons ?
La campagne reprend, celle de Macron n’est au final pas extraordinaire d’autant qu’il refuse de faire un geste vers les électeurs de gauche pour leur permettre de faire un vote d’adhésion. Marine Le Pen jubile, elle a réussi à rallier Nicolas Dupont-Aignan qui sera son premier ministre si elle l’emporte. Et puis rien de va plus. Elle renie peu à peu toutes ses mesures phares : la sortie de l’Europe et de l’Euro. On se demande comment elle veut encore parvenir à rester crédible dans ces conditions.
Arrive le 3e débat. Enfin, si on peut appeler ça. Pour ma part, je n’en retiendrai que deux choses :
Et
Forcément, le résultat est un peu couru d’avance. Mais, il reste quand même un doute dans les esprits. Après tout, personne ne croyait en l’élection de Trump et pourtant le voilà maintenant président. Alors, assise sur une chaise dans mon petit bureau de vote, à attendre la fin des votes pour aider au dépouillement, je suis tout de même anxieuse. Et là, ma voisine de chaise s’exclame « C’est bon ! Macron a 60%! »
Soulagement et déception mêlée m’envahissent. Soulagement parce que je ne souhaitais pas voir le FN passer au pouvoir et déception parce que comme tant d’autres, j’attendais de cette élection de vrais changements et je me rends compte qu’ils n’arriveront pas.
Aujourd’hui, quelques semaines plus tard, nous sommes au deuxième tour des élections législatives. Dans mon bureau de vote, le choix est assez pauvre : ce sera la droite ou la majorité pour le président. Et on se retrouve encore une fois à faire ce qu’on s’était promis de ne plus faire : voter par dépit.
Alors, certes, le résultat de ces élections est important parce qu’il conditionnera le reste des décisions prises pendant ce quinquennat. Mais au final, le mal est fait car le changement tant attendu et promis pour ces élections et les autres n’apparaît que comme une illusion. Et si un autre type de changement il y a, comment est-ce que celui-ci peut être bien accueilli quand les trois quarts de la France est opposée à celui-ci ?